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Soigner les boiteries Pédiluves, pansements, désinfection, comment lutter contre les boiteries ?

Comment lutter efficacement contre les boiteries des vaches laitières ? Quels sont les moyens à privilégier selon le type de boiterie ? Voici quelques conseils prodigués par Amaury Fourcroy et Damien Regnier, pédicures bovins chez Oxygen Conseil Elevage.

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Maintenir un habitat sain et sec réduit en partie les risques de boiteries de vaches laitières (©Oxygen Conseil Elevage)

Parmi les maladies des vaches laitières, les boiteries sont la troisième cause de perte économique après les problèmes de santé de la mamelle et de reproduction. En effet, une vache qui boite peut engendrer un manque à gagner entre 300 et 600 euros sur une lactation (perte de lait, frais vétérinaires, augmentation de l'intervalle IA1 - IAF …). La performance d'une vache dépend directement de son bien-être, les animaux boiteux ou ayant de mauvais pieds ne peuvent pas exprimer tout leur potentiel.

Maîtriser les trois principaux facteurs de risque

Maintenir un habitat sain

Il est essentiel de ne pas négliger les bâtiments et les accès aux pâtures. Ces éléments sont d’une importance majeure pour la santé du pied. Surdensité au couchage et/ou à l'auge, mauvaise ventilation du bâtiment, curage tardif des litières, fréquence de raclage insuffisante, mauvaise qualité des sols (glissant, présence de trous, marches…), tous ces éléments sont des vecteurs de boiteries.

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Gérer l’équilibre alimentaire et les transitions

Comme pour beaucoup d'autres éléments (fécondité, production...), une ration équilibrée et une transition alimentaire bien anticipée et efficace permettent de limiter les soucis de boiteries. En effet, un déséquilibre alimentaire peut créer un problème métabolique et avoir des répercussions directes sur la production de corne de qualité et sur des maladies comme la fourbure (signe d’acidose).

Détecter rapidement les animaux à problème

Il est primordial de réagir le plus tôt possible lorsque l'on détecte un animal boiteux ou souffrant. Cela facilite et accélère la guérison de l'onglon, et évite les complications des lésions ou les effets néfastes à moyen et long terme, tels que la fragilisation des ligaments. Un animal stressé et fatigué est fortement exposé à des problèmes métaboliques qui engendrent des boiteries.

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Quelles mesures prendre contre les boiteries ?

Parer régulièrement pour détecter les lésions et intervenir vite

Le parage consiste à rétablir les charges sur les deux onglons du pied. Le parage curatif permet de soigner les animaux boiteux ou souffrants,  le parage préventif permet, quant à lui, de limiter le risque de lésions causées par une surcharge sur les onglons. Pour des résultats optimums, les animaux doivent être parés une fois par an pour être préparés à la lactation. En plus, certaines lésions comme le fourchet ne peuvent être diagnostiquées que lors du parage.

Utiliser les pansements avec précaution

Les pansements ont l’avantage d’augmenter le temps de contact avec le produit appliqué localement (spray ou gel). Ils sont utilisés en parage curatif sur certains degrés de gravité de la lésion. Il est cependant primordial de respecter les délais de retrait pour assurer à la fois une bonne action du produit et éviter les effets néfastes dû à un retrait tardif du pansement, tel que l’asphyxie du pied ou le garrot, qui créent un milieu propice au développement des bactéries. Le temps de pose du pansement est, grand maximum, de 4 jours mais il dépend du type de pansement utilisé.

En général, un pansement au pied d'une vache doit être retiré au bout de trois ou quatre jours. (©Oxygen Conseil Elevage)

les pédiluves et leur utilisation

Les pédiluves sont essentiellement utilisés pour lutter contre les pathologies du fourchet et de la Mortellaro (dermatite digitée). En effet, ces deux pathologies d'origine infectieuse, aujourd'hui très présentes dans les élevages, évoluent dans le même milieu. Ces bactéries se développent dans les zones de vie humides, telles que les aires d’exercice trop peu raclées, les litières paillées trop souillées ou les chemins d’accès aux pâtures boueux.

Des pieds propres mais comment ?

La propreté des pieds est essentielle dans la réussite du traitement par pédiluve. Le passage dans un pédiluve à l’eau claire est envisageable mais l’idéal est de nettoyer les pieds au jet en salle de traite. Un pied de bovin jamais lavé perd 20 % de sa solidité après 5 semaines et 5 % par semaine au-delà, du fait de la macération. Le vrai moyen de maintenir les pieds des vaches propres reste un bâtiment propre, bien raclé et bien ventilé.

Pédiluves à sec, mais pas que

Les pédiluves secs sont utilisés avec des poudres asséchantes et désinfectantes pour assainir les pieds préalablement lavés afin de lutter contre le fourchet. Attention à respecter le protocole de chaque produit pour ne pas créer une sécheresse ou une croûte sur le pied pouvant favoriser un milieu anaérobie propice au développement des bactéries. Ce type de produit est plutôt à utiliser en alternance avec des produits liquides afin d’éviter le phénomène d’étouffement de la plaie par la poudre et les craquelures. Veiller également à aérer la poudre régulièrement car le produit à tendance à se tasser dans le pédiluve.

Pédiluve aqueux, compter 200 passages maximum

A base de produits dilués dans l'eau, les pédiluves aqueux permettent une action préventive et/ou curative en bloquant l’expansion bactérienne pour lutter contre la Mortellaro et le fourchet. Ils sont composés habituellement de chélates de zinc et de cuivre ainsi que d’agents adoucissants et nourrissants pour la protection du derme. Attention à bien respecter les différents modes d'application. En effet, les protocoles ne sont pas les mêmes pour tous les produits. Proscrire les produits corrosifs en cas de Mortellaro.

Il est important pour un résultat optimal que les pieds propres trempent au minimum jusqu'aux ergots. Prévoir ainsi 20 cm de produit dans les pédiluves pour s’assurer que même les derniers animaux passant dans le pédiluve puissent être traités. La hauteur du bac pédiluve a son importante mais la longueur aussi. Compter 2 m de long minimum pour que les quatre pattes trempent correctement.

Pédiluve à mousse, prévoir l’investissement de départ

Ce type de pédiluve est assez récent sur le marché et se base sur le mélange de deux matières actives. Il faut compter un investissement de départ de 4 à 5 000 € pour le système d’installation (pompe…). La mousse active est répandue dans un couloir ou dans l’aire d’attente en veillant à ce que les pieds soient parfaitement enrobés de mousse. Les tapis à mousse n’offrent pas en général une remontée suffisante de produit sur les pieds. A noter qu’une forte odeur gène certains utilisateurs des pédiluves à mousse.

L’alternance des produits est souvent la solution pour éviter les résistances tout en respectant les protocoles. Concernant la fréquence d’utilisation, l’avis d’un expert est essentiel afin de mettre tout en œuvre pour réussir la maîtrise des boiteries.

 

Amaury Fourcroy (©DR)
Damien Regnier (©DR
Auteurs : Amaury Fourcroy et Damien Regnier, pédicures bovins chez Oxygen Conseil Elevage dans le Pas-de-Calais (62)

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